Travail
« Ces ouvriers ne servaient pas. Ils travaillaient. Ils avaient un honneur, absolu (…) un honneur voulait que ce bâton de chaise fut bien fait. Toute partie, dans la chaise, qui ne se voyait pas, était exactement aussi parfaitement faite que ce qu’on voyait…»
Charles Péguy, l’Argent dans Œuvres en prose, 1909-1914.
Le travail procède de la démarche vitale de l’homme. Mais il devrait dépasser cette seule dimension pour contribuer à la dignité de l’être humain. Péguy qualifie ce dépassement : il s’agit de l’honneur du travail bien fait. Au-delà de la rémunération ou de la contrainte, le travail devrait permettre à l’homme d’enrichir son humanité. Ainsi, quelle que soit la nature du travail, et quelle que soit la fonction de celui qui l’effectue, c’est sa perception morale qui fait la grandeur de l’homme.
Œuvre
L’œuvre a besoin d’être créée en privé avant d’être exposée publiquement. « Cet isolement est la condition de vie nécessaire à toute maîtrise qui consiste à être seul avec l’idée, l’image mentale du futur (…) ce n’est qu’en s’arrêtant, lorsque son produit est achevé, que l’ouvrier peut sortir de son isolement. »
Hannah Arendt, Condition de l’homme moderne, p.215-216
« L’image mentale de l’objet futur », cette approche qui reprend le cheminement de la création va donner à l’objet les caractéristiques de l’œuvre dans sa singularité. Ce lien intime entre l’objet transformé et le créateur, entre le produit réalisé et l’ouvrier, est incompatible avec le travail à la chaîne ou l’utilisation de robots. L’œuvre une fois présentée est unique, même si cette unicité est multiple.